Petit tour en Anatolie avec Julie et sortir d'Istanboul vivant sur un vélo...
Hanoi-Singapour-Istanboul, 2 vols, 15heures de voyage côté hublot, quelques heures d'attente, une papote avec un vieux japonais en voyage, 3 plateaux repas, 4 verres de vin, un gros dodo et un réveil avec sous mes pieds les montagnes de l'est turc encore sous la neige avec un super lever de soleil. Superbe.
L'arrivée à Istanboul est tranquille, pas de stress, les bagages sont là, puis sortie de l'aéroport... Ouche ça caille... Fait que 10 degrés ici, c'est quoi ce pays polaire??
Taxi jusqu'au quartier de Sultanhamet où nous aurons nos quartiers pour les quelques jours ici. Le petit hotel est au pied de la mosquée bleue et à 2 pas de Ste Sophie. Autant dire que j'entends bien le muezzin à partir de la première prière du matin, vers 5h30 du mat... Yo.
Mais c'est cool, changement d'ambiance, de bouffe et le retour des voitures en majorité par rapport aux mobylettes, ça aussi ça frappe...
Julie arrive le lendemain, je vais à l'aéroport pour l'accueillir et puis on file vers le centre sous les trombes d'eau et l'orage avec un chauffeur qui ne sait visiblement pas trop où il va... Je dois lui indiquer plus ou moins le chemin puis à un moment, je l'arrête et lui dis qu'on continue à pied, marre...
Visite de la ville pendant 2 jours, musée, mosquées, Ste Sophie, le grand bazar, le marché aux épices, caravansérails, on s'imprègne de l'ambiance de la ville, à cheval entre orient et occident...
On file ensuite en voiture vers la Cappadoce en passant une nuit dans le bled de Mudurnu, où visiblement, peu de touristes s'arrêtent à en croire les regards curieux des vieux turcs assis dans les cafés en train de boire leur thé... Traversée des steppes du plateau anatolien, superbe, valloné, ponctué de sommets encore enneigés puis arrivée irréelle à Goreme, village stéréotype de la Cappadoce, au centre de la Turquie.
Le village a été construit au milieu des cheminées de fées et certaines maisons sont même creusées dans ces formation rocheuses. Pendant 2 jours, on sillonne la région en visitant les villes souterraines, les églises troglodytes, les vallées superbes pleines de cheminées de fées et les anciens caravansérails qui jallonaient la route de la soie. Superbe.
On reprend la route pour se rendre sur la côte Méditerranée dans un petit village se trouvant dans la vallée des papillons. Objectif, aller randonner 2 jours le long de la côte et des falaises. Arrivée à Faralya, on se pose pour 3 nuits chez George, dans une petite guest house familiale entourrée d'oliviers et de citronniers au bord d'une superbe falaise dominant la mer.
Le temps ne nous permettra que de faire une belle balade mais on prend plaisir à grimper, trouver des orchidées sauvages, des tortues et des lézards. Avec en prime une vue magnifique sur la mer. Le soir, traditionnel coucher de soleil au bord de la falaise avec une petite Efes pour se remettre les idées en place...
Il nous reste 2 jours de route pour rentrer à Istanboul. On passe par les montagnes, belles petites routes, vendeuses de miel au bord de la route, sommets enneigés et plaines à perte de vue.
Retour à Istanboul, dernier petit tour en ville ensemble, on passe devant chez Mehmet le coiffeur et comme ça faisait un petit temps que j'y pensais, ben voilà, c'est fait, j'ai perdu quelques cm... Puis dernier passage au grand bazar pour acheter un cadeau à Julie pour son anniversaire. Difficile de ne pas trouver son bonheur parmi toutes les belles choses vendues (bon y en a des moches aussi...). ;-)
Et puis Julie s'en va le lendemain pour reprendre le chemin du boulot (tristesse).
Bilan de ces 2 semaines ensemble, des découvertes superbes, des rencontres improbables (pour n'en citer que 3, il y a eu le traficant de tapis kurde, le jeune militaire en poste à la frontière iranienne et le petit monsieur de Mudurnu qui nous a offert du thé en parlant néérlandais), de la route, des paysages magnifiques et des super moments passés à 2. La Turquie, c'est grand et il y a plein de choses à y découvrir et à y faire... On y reviendra sans aucun doute.
Je suis resté quelques jours de plus à Istanboul, histoire de faire les quelques formalités que j'avais encore à faire. Remontage du vélo, trouver un magasin de vélo pour quelques réglages, trouver des bonbonnes de gaz pour le réchaud, me renseigner pour la meilleure façon de sortir à vélo de cette mégapole (15millions d'habitants quand même), me balader encore un peu, prendre le temps pour mettre les photos et le blog à jour et me remotiver à prendre la route. 3 jours en tout...
Aurevoir à l'équipe de l'hotel et au petit mec du magasin d'en bas et hop, direction l'ouest jusqu'à la maison...
La première journée commence pas trop mal, sortie de la ville sur un gros axe mais j'ai de la place et ça ne roule pas trop vite. Par contre le vent... A environ 30km de mon point de départ, je me retrouve au sommet d'une butte dans les faubourgs d'Istanboul, ça souffle bien mais je peux avancer. A ce moment, je vois un énorme nuage de poussières et de détritus qui arrive droit sur moi, vite, et je vois des drapeaux qui commencent à claquer bien violament (pas bon ça...). Je suis en descente et quand je me prends ce nuage dans la poire, je suis quasi stoppé net, obligé de m'arrêter et difficile de rester debout. Tempête... A ce moment, j'entends quelqu'un qui m'appelle depuis le côté de la route. Je me retourne et là un Mr me fait signe de venir m'abriter dans son magasin. Ni une ni deux, je descends et je pousse ma bécane jusqu'à la porte et je rentre avec dans le batiment. Juste à temps, le mur du balcon du dessus s'effondre juste à côté de l'entrée où je viens de m'engouffrer... Je remercie mon hôte et je l'aide à tenir sa porte vitrée fermée... Dehors, c'est le carnage, de la poussière, des sacs plastiques et des papiers volent dans tous les sens et les drapeaux se déchirent sous la force du vent... Après une heure d'attente, une petite papote avec Erhan et deux thés, je redémarre. Le vent est toujours fort mais ça va mieux. Le soir aux infos turques, ils annoncent 30 morts à cause de la tempête, surtout à Istanboul. Pas cool.
Le vent sera mon ennemi quotidien, toujours de face, dans certaines descentes je dois même pédaler pour avancer, c'est usant... Heureusement, il y a toujours des petites haltes bien sympathiques comme ce vendeur de pastèques le long de la route qui me donne un bon morceau de fruit bien sucré, un couple dans sa maison de campagne qui m'offrent un café et un monsieur qui répare une de mes roues voilées gratos et me donne des dolmas à manger.
Un autre épisode sera mon arrivée dans le petit village d'Inecik. Après avoir fait l'impasse sur 2 hotels trop chers sur ma route, renoncé au camping, faute d'endroit, de mauvais temps et de vent, je m'arrête dans ce bled, espérant trouver une pansyon (logement chez l'habitant). Je m'arrête au café du coin, là où les hommes sont à boire leur thé et je m'adresse au premier qui a une bonne tête. Je lui demande (plus en geste qu'en turc) si je peux trouver un logement ici. Il me répond que non mais me dit d'attendre là puis s'en va vers la mosquée... Pendant son absence, j'ai droit aux questions des autres hommes présents et à 3 thés en 10minutes... Puis revoilà le Mr à qui je m'étais adressé. Il me dit ok et d'attendre, extra... 10 minutes plus tard, voilà 2 autres gaillards qui me disent de les suivre, direction la mosquée... On rentre mes affaires et il me mettent tout dans une chambre flambant neuve attenante à la mosquée. Deux lits neufs, couvertures et bureau... C'est beau ça. Pas le temps de me poser, ils me demandent si j'ai faim, je réponds que oui évidemment et ils m'emmènent dans le petit resto du quartier. J'apprends que le plus jeune est l'imam du village et l'autre le responsable des locaux communs. Après avoir mangé, pas l'occasion de sortir mon porte feuille, ils payent pour moi puis on retourne au café pour une nouvelle tournée de thé et de questions par d'autres hommes présents. J'ai même eu droit à parler néérlandais et allemand... Après une heure, ils me disent d'aller dormir... Il est que 19h donc je rentre dans la chambre et quand j'en resors 30min plus tard, c'est rebelote, invitation pour boire le thé avec une femme (rare ici) qui me dit être la femme du boulanger (c'est pas une farce, il arrivera même plus tard) puis invité par le maire du village pour le dernier thé de la soirée. Après je tire ma révérence, fatigué quand même de raconter la même chose 30 fois en 2 heures... Bilan de la soirée, un accueil chaleureux, une hospitalité comme on en a plus chez nous et des gens très sympathiques...
Le lendemain, Je me lève bien tôt (le muezzin m'a réveillé bien tôt) et en attendant que la pluie se calme avant de partir, le boulanger m'offre du pain et j'ai encore droit à quelques thés... Très chouette expérience à refaire...
Encore 2 jours de vent de face, d'attaques de chiens et de succession de montées-descentes et me voilà déjà à la frontière grècque. Passage sans difficulté de la douane turque puis 1km de no man's land entre les 2 postes. Sur le pont frontière, je m'arrête près des militaires grecs qui sont bien sympa et ont l'air de s'emmerder bien comme il faut... Ils parlent anglais et on se fait une petite discussion pendant un quart d'heure. Deux d'entre eux sont en uniforme grec traditionnel (pcq c'est dimanche) et je demande si je peux faire une photo avec eux. Ils me répondent que normalement non (zone militaire) mais que pour moi c'est ok, chic! Après passage du poste grec, arrêt midi près des camions turcs. Encore une fois, pas le temps de sortir mes affaires que je me retrouve invité par 2 camionneurs à partager leur repas, dernier cadeau turc... Ils me remettent même du pain, fromage et olives pour la suite. Je les remercie et me remets en route pour mes premiers tours de roues sur le sol hellène.
Changement de paysages et d'atmosphère. A l'horizon, plus de minarets mais les bulbes des églises orthodoxes... Ca change.
Arrivée le même jour à Alexandroupoli, sur la côte de la mer égée, première vraie ville après la frontière et lieu de rendez vous avec Cristel et Johann avec qui je vais passer 2 semaines et demie à chercher les serpents... Tout un programme...
La suite le prochaine fois...
Aplus.